Le réseau action climat a publié le 19 septembre son rapport “La France face au changement climatique : toutes les régions impactées” en partenariat avec l’Ademe.
Le constat est alarmant et édifiant concernant l’impact du changement climatique sur nos territoires si des mesures importantes ne sont pas mises en place dans les années qui viennent.
En 2024, 3,9 millions de personnes, soit 69 % de la population régionale, sont déjà exposées à au moins un aléa climatique en Nouvelle-Aquitaine. Les températures ont augmenté de +1,4 °C depuis 1950, une hausse plus marquée durant les mois d’été. C’est l’année 2022 qui a battu tous les records : l’année la plus chaude jamais enregistrée dans la région a compté plus de 70 jours au-dessus de 30 °C et une sécheresse qui a débuté au printemps et duré plusieurs mois. La Nouvelle-Aquitaine avait alors connu des pertes agricoles record et près de 2 000 communes du Sud-Est de la région avaient subi des difficultés d’approvisionnement en eau potable. Les incendies monstrueux de Landiras et La Teste-de-Buch de cet été 2022 ont marqué durablement le territoire et les mémoires.
On observe également une baisse de précipitations de -6,5 mm par décennie l’été, mais aussi de janvier à mars. La forte perturbation des cycles hydrologiques impacte les débits des rivières qui pourraient être réduits de 20 à 40 % selon les scénarios. Les tensions autour des usages de l’eau seront de plus en plus marquées, avec une concurrence entre l’agriculture et l’accès à l’eau potable, qui représentent respectivement 46 % et 37 % de la consommation d’eau de la région, mais aussi l’industrie et la production d’énergie.
Il s’agit pour nous écologistes de prévenir du désastre dans lequel nous mène les politiques publiques actuelles et demander à l’Etat de se saisir de la question environnementale mais également de donner les moyens aux partenaires locaux de défendre leurs territoires.
Trois points de ce rapport ont particulièrement retenus notre attention :
- L’impact du changement climatique sur l’agriculture
L’agriculture joue un rôle très important en Nouvelle-Aquitaine qui est la 1ère région française et européenne pour la valeur de sa production agricole.
Ces dernières années, nous avons constaté des pertes agricoles importantes liées au changement climatique sur le territoire, en raison :
- De l’intensification des événements météorologiques extrêmes (sécheresses et canicules, mais aussi précipitations intenses, de pluie ou de grêle, incendies, inondations…).
- Du gel tardif, qui est rendu plus probable par le changement climatique du fait des floraisons précoces durant les périodes douces en hiver.
- De la sécheresse record, mais aussi les températures extrêmes qui provoquent l’échaudage des cultures, la vulnérabilité accrue aux pathogènes en période de sécheresse ou encore les conséquences sur le bétail.
- L’impact du changement climatique sur les habitations
La côte sableuse perd en moyenne 1 à 3 mètres par an , avec parfois des reculs jusqu’à 30 mètres lors de fortes tempêtes. 85 000 à 115 000 habitats permanents seraient situés en zones potentiellement inondables rien que dans la Métropole de Bordeaux.
L’île d’Oléron rayée de la carte ? Du fait de l’élévation du niveau de l’océan et de l’érosion du littoral, certaines projections indiquent qu’une grande partie de l’île serait sous l’eau d’ici 2100.
Le changement climatique pourrait également toucher nos habitations via l’augmentation du risque de retrait-gonflement des argiles. 3,4 millions d’habitants (dont 1,3 millions en zone d’aléa fort) et un tiers des maisons sont d’ores-et-déjà exposés à ce phénomène en Nouvelle-Aquitaine.
- L’impact du changement climatique sur la biodiversité
Parmi les 72 000 hectares de forêt brûlés en France lors des incendies de 2022, 45 000 sont situés en Nouvelle-Aquitaine. La moitié des forêts de l’hexagone devraient être exposées au risque d’incendie dès 2050, contre un tiers actuellement.
Le changement climatique rassemble toutes les conditions propices au déclenchement, au maintien et à leur propagation : hausse des températures, sécheresse des sols, diminution des pluies, multiplication des ravageurs.
Derrière ces incendies, il y a la perte de tout un écosystème nécessaire à la survie de l’espèce humaine, sans compter les dégâts matériels.
Il est encore temps d’agir, et c’est notre rôle d’élu.e d’alerter et de mettre en place les politiques qui protègent et accompagnent la transition sur nos territoires. Ce n’est plus seulement l’avenir de nos enfants qui est en jeu, c’est notre présent et notre avenir. Il dépend entièrement du comportement de nos politiques aujourd’hui, soyons digne et humble, cessons de regarder notre maison brûler.