Billet – Proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur : L’écologie à Duplomb dans l’aile.

Suite à la dégradation des permanences parlementaires des députés girondins Nicolas Thierry et Loïc Prud’homme, nous voulons apporter tout notre soutien à leur égard ainsi qu’à leurs équipes. Leur opposition à la proposition de loi Duplomb a entraîné une réaction déplorable de la part de quelques agitateurs du monde agricole.

Les Écologistes ont toujours soutenu l’ensemble des agricultrices et des agriculteurs dans leur combat pour pouvoir vivre de leur métier décemment. Les réponses apportées par ce projet de loi nous semblent dénuées de sens au vu de la situation critique dans laquelle se trouve le monde agricole actuel. Les réponses pour l’avenir de l’agriculture sont dans l’agronomie, l’agroécologie, le déploiement d’alternatives qui ont fait leur preuve. Nous entendons la colère, nous comprenons la fatigue, nous saisissons les enjeux de notre agriculture, mais nous ne ferons jamais le jeu des lobbies et des multinationales qui souhaitent poursuivre ce modèle lucratif, ravageur et écocidaire. Nous portons la vision d’une agriculture qui nourrit les humains et préserve les écosystèmes et le vivant.

“Mise en danger de la vie des agricultrices et des agriculteurs, extinction de masse de la biodiversité, destruction des sols et empoisonnement des cours d’eau… Cette loi est la fuite en avant d’un système qui ne fonctionne plus et qui a besoin d’une grande réforme à tous les niveaux. Les agriculteurs sans la nature, c’est un paradoxe. En défendant la nature, nous défendons le monde agricole dans son ensemble.”

Laure Curvale – Vice-Présidente à la transition écologique et au patrimoine. Coprésidente du groupe Écologie & Solidarités.

Ce texte est un retour à l’agriculture des années 1980. Il instaure une dérogation de trois ans à l’interdiction d’utiliser l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes. Ce pesticide, nocif pour les pollinisateurs, est interdit en France depuis 2018 et le sera dans l’ensemble de l’Union Européenne à partir de 2033. Cette mesure est un véritable danger pour l’agriculture et les humains. Ces pesticides compromettent le rôle vital des pollinisateurs, indispensables au fonctionnement même de l’agriculture et plusieurs expertises de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) ont confirmé les liens entre pesticides et maladies graves chez les agriculteurs. 

Cette loi permettrait également au ministère de l’Agriculture de suspendre une décision de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES), qui délivre les autorisations ou les refus de mise sur le marché des produits phytosanitaires, « dans certaines conditions ». C’est un affaiblissement de l’expertise scientifique indépendante dans les processus d’autorisation. Il est aussi proposé des changements sur les normes en matière de construction de bâtiments d’élevage en assouplissant la procédure d’autorisation environnementale, ce qui bénéficierait à l’agriculture intensive. Enfin la proposition Duplomb entend « faciliter les projets de stockage de l’eau présentant un intérêt général majeur ». Cela peut être considéré comme une mise en danger et un accaparement de la ressource en eau. C’est en autre un moyen de faciliter l’installation de méga-bassines.   

“Les écologistes ont toujours été du côté du monde agricole et nous continuerons de l’être coûte que coûte. Mais cette loi ne les aidera pas. Une part des difficultés du monde agricole est précisément liée  à la pollution des sols et aux conséquences du changement climatique que cette loi ne va faire qu’accélérer. Elle présente aussi un danger pour la santé des agriculteurs.”

Romain Dostes – Vice-Président aux ainés, au service public girondin de l’autonomie et au lien intergénérationnel. Coprésident du groupe Écologie & Solidarités.

Car des solutions concrètes existent, et notamment sur notre territoire. Avec des dispositifs comme Gironde Alimen’terre, la Sécurité Sociale de l’Alimentation et les aides aux épiceries sociales et solidaires, le Département oeuvre depuis des années pour améliorer la vie et le revenu des agricultrices et agriculteurs girondin·e·s et la qualité des aliments présents dans les assiettes de tou·te·s. La commande publique et les circuits courts s’avèrent être des leviers essentiels pour la transition agricole, une transition qui devra passer obligatoirement par les territoires. Les pouvoirs publics sont également les pierres angulaires permettant de faire de l’agriculture biologique le pilier de notre souveraineté alimentaire, afin de pouvoir en faire bénéficier au plus grand nombre. Chaque jour, nous travaillons à améliorer la qualité des repas servis dans le cadre des politiques départementales, aux enfants, familles et personnes âgées.

“En Gironde, nous œuvrons pour soutenir une agriculture de qualité, bio et sans pesticides de synthèse, préservant ainsi nos sols et nos ressources vitales comme l’eau. Ce modèle montre également que l’on peut offrir de meilleures conditions de travail et de vie à nos agricultrices et nos agriculteurs en privilégiant la proximité et la qualité des produits.” 

Eve Demange – Conseillère départementale déléguée aux circuits courts et à Gironde Alimen’terre.

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