Monsieur le Président, mes cher.e.s collègues,
Si la mort de Nahel est inexcusable, elle est par contre loin d’être inexplicable.
Tant que les problèmes structurels de rapport entre la police et la population, de racisme systémique, de manque de transparence, d’inégalités criantes, de reconnaissance du poids de la colonisation dont nous sommes encore loin de mesurer toutes les conséquences, tant que tous ces problèmes ne seront pas posés, débattus et résolus collectivement, il n’y aura pas de justice, pas de vérité et donc pas de paix.
Le calme ne se décrète pas, il se construit. Et il se construit par la compréhension de la colère et de la souffrance de la jeunesse, et plus largement, de quartiers entiers, qui ont été abandonnés.
Ces violences, aussi condamnables qu’elles soient, ne doivent pas nous dispenser de prendre du recul, de réfléchir, car c’est aussi notre responsabilité de politiques.
Je voudrais que nous ayons une pensée pour Nahel, sa famille et tous les jeunes qui s’identifient à lui.
Je voudrais aussi que nous ayons une pensée pour les sapeurs pompiers, les agents publics, les journalistes, les policiers et les citoyens blessés ces derniers jours.
Je voudrais aussi adresser un message de soutien aux élu.e.s locaux qui se sont retrouvés pendant plusieurs nuits en première ligne.
Nous, écologistes, prônons la non-violence, en toute circonstance.
Nous avons cruellement besoin de créer davantage de liens, davantage de solidarités.
Même dans une période de contraintes budgétaires croissantes, le Département continue d’y travailler. Cela se traduit de manière forte dans le budget supplémentaire et les autorisations de programme que nous aurons à voter. Avec, par exemple, les 170 millions consacrés au RER girondin qui serviront notamment à moderniser et régénérer les infrastructures de la ligne du Médoc pour désenclaver ce territoire et décarboner ses mobilités. Autre décision forte, celle de ne pas faire peser sur les familles le poids de l’inflation sur les produits alimentaires et d’assumer une baisse de 3,6 millions d’euros des recettes de la restauration scolaire.
Dans ce budget supplémentaire, le RSA illustre le cadre de plus en plus restreint que l’Etat impose aux collectivités. Nous devons inscrire 11,5 millions d’euros en plus afin de faire face à l’augmentation du nombre de bénéficiaires mais aussi à la revalorisation de 1,6% non compensée par l’Etat. Et nous tenons à redire que ce n’est pas une politique de sanctions, comme le prévoit le Gouvernement, qui amènera les allocataires du RSA vers une insertion professionnelle mais plus d’accompagnement pour faciliter le logement, la santé, la mobilité…
Lors du dernier conseil, nous demandions à l’Etat d’établir un ISF climatique qui inciterait les 10% des ménages les plus fortunés de notre pays et les plus émetteurs de gaz à effet de serre à se désinvestir des activités les plus polluantes en décarbonant leur patrimoine. Cela permettrait de financer la transition écologique qui a besoin de 66 milliards d’investissements supplémentaires par an d’ici 2030 et ce serait pleinement une mesure de justice sociale.
Investir maintenant pour économiser plus tard et augmenter la capacité à résister aux chocs, tel est le défi que notre Département doit relever.
Investir pour l’avenir, c’est bien ce que nous faisons à travers plusieurs décisions de notre séance : j’ai rappelé l’effort de 170 millions d’euros pour le RER girondin mais nous préparons aussi l’avenir avec plus de sobriété dans nos bâtiments, en optimisant leur occupation et en les adaptant à de nouveaux usages de travail. Nous attribuons 4 millions d’euros au projet RESPIRE dont c’est la finalité de mieux répondre aux besoins d’accueil sur les territoires.
Nous préparons l’avenir en développant les énergies renouvelables locales, pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles importées et réduire nos factures énergétiques : nous allons voter aujourd’hui la mise en oeuvre du contrat chaleur renouvelable (biomasse, géothermie, solaire thermique) que notre Département relance sur les territoires avec l’Ademe, l’agence nationale de transition écologique. Le précédent contrat avait représenté 18 millions d’euros d’investissement.
Nous préparons l’avenir en utilisant la taxe d’aménagement, 2,9 millions d’euros, pour créer une pépinière départementale à Hostens.
Préparer l’avenir, à l’heure où la réautorisation du glyphosate fait de nouveau débat au niveau européen et où des melons viennent d’être retirés de la vente dans des supermarchés locaux car contenant trop de pesticides, c’est concentrer notre soutien sur l’agriculture biologique, pour le renforcer. Car elle préserve le vivant et assure des revenus plus rémunérateurs aux agriculteurs que le modèle agricole conventionnel.
Les rendez-vous à ne pas manquer sont nombreux : urgence climatique, urgence sociale, urgence démocratique. La séance d’aujourd’hui avec l’adoption du budget supplémentaire montre la volonté de notre majorité départementale à ne pas manquer ces rendez-vous et à les préparer avec les territoires, nos partenaires et les Girondines et Girondins.